travail et salariat

Critiquer la société capitaliste, c’est bien, réclamer un autre monde possible, c’est légitime, mais tout cela restera incantatoire si nous ne disons pas ce que cet autre monde sera.

Site créé par Christian TIREFORT et Eric DECARRO pour publier leurs analyses, il accueille également celles de la branche suisse du réseau salariat. Le premier en fut le président jusqu’à son décès survenu le 14 décembre 2022.

A la mémoire d’Eric Decarro

mercredi 23 août 2017 par Claude Reymond

A la mémoire d’Eric Decarro

C’est avec une grande tristesse que l’Union syndicale suisse (USS) a appris qu’Eric Decarro était décédé le 4 août, à l’âge de 77 ans, des suites d’une longue et pénible maladie. Le Genevois, en sa qualité de président de la Fédération du Syndicat des services publics de 1995 à 2003, a participé au Comité de l’USS lors des trois dernières années de son mandat. Il était marié, père de 3 enfants et grand-père de trois petits-enfants.
Syndicaliste engagé, Eric Decarro était connu pour être quelqu’un qui défendait avec force ses convictions et ne ménageait pas ses critiques, mais qui le faisait dans le respect et le dialogue. Grâce à sa ténacité et à sa clairvoyance, Eric a été l’initiateur de nombreuses luttes que les syndicats ont ensuite faites siennes.
Ce fut notamment le cas du référendum contre l’Arrêté urgent sur le chômage de 1997 qui a permis d’éviter que les conditions de vie de dizaines de milliers de personnes ne se dégradent, ou de la campagne contre la libéralisation du marché de l’électricité en 2003. L’engagement politique d’Eric Decarro remonte au temps de ses études de sociologie, puis d’économie. Dès 1962, il entre à l’Action syndicale universitaire et au Parti du travail. Il prendra rapidement des fonctions dans l’Association générale des étudiants. Pendant cette période, il participe également aux marches du mouvement antiatomique, au soutien antifasciste espagnol ainsi qu’au mouvement contre la guerre du Vietnam.
Dès 1967, il s’engage au Syndicat des services publics (SSP) de Genève où il préside la section de 1978 à 1982. Au Congrès de Davos de 1991, il est nomme au Comité directeur du SSP. Il deviendra président central du SSP en 1995, mandat qu’il exercera jusqu’en 2003. Eric Decarro a vu très tôt les dangers des nouvelles formes de management empruntées à l’économie privée qui s’instauraient dans les services publics. Grâce à ses analyses lucides et critiques, il mettait constamment en garde ses collègues contre les dérives de la libéralisation de l’économie ainsi que des politiques d’austérité menées par la Confédération et les cantons.
De toutes les mobilisations et grèves de la fonction publique en Suisse ro- mande, il a également accompagné les salariés de Swissair lors du Grounding de la compagnie aérienne. Il était évidemment de la grande manifestation pour la défense des services publics de 1996, comme il s’est battu pour le personnel de la Confédération pendant toute la campagne précédant la votation sur la Lpers.
Dès les années 90, Eric Decarro s’est fortement investi dans le mouvement altermondialiste permettant au SSP d’y jouer un rôle actif. Il a participé activement à des mobilisations contre l’OMC, le WEF ou le G8. Il fut également l’un des principaux initiateurs du Forum social suisse.
Eric Decarro a terminé sa carrière en qualité de chargé de recherche pour le Département de l’instruction publique de Genève sur des questions touchant à la formation professionnelle.
Toutes celles et tous ceux qui l’ont côtoyé se souviendront de sa profonde conviction qu’il est nécessaire de lutter pour un monde meilleur, conviction qui l’aura guidé jusqu’au bout.

USS/L’ES .

Un hommage à Eric Decarro du monde syndical et politique sera rendu dans le courant du mois de septembre.

Un des derniers combats d’Eric Decarro était dédié au droit de manifester, remis en cause à Genève. En juin, il avait été acquitté par le Tribunal de police après avoir été amendé pour sa participation à une manifestation contre les accords Tisa. En 2011 (photo), le même tribunal l’avait déjà blanchi, avec d’autres militants ayant participé à un rassemblement de solidarité avec les salariés français défendant leurs retraites.