Eric DECARRO est décédé le 4 août 2017 dans sa 77e année

Ce militant syndical du Syndicat des services publics a contribué pendant plus de 50 ans à la transformation du petit monde de la gauche genevoise. A l’initiative du mouvement revendicatif dans ce secteur « 40 heures 300 francs » porté par le Cartel intersyndical de la fonction publique, il gagna la confiance des membres de l’Union des syndicats du canton de Genève : devenu son président il impulsa la tenue du congrès de Bellevue, puis de celui de Dardagny en 1992, qui arrêtèrent des orientations programmatiques d’avant-garde.

Invité par le Comité du Premier Mai en 1990, il y en formulait quelques unes ainsi :

on peut avancer quelques axes :

1. Droit au travail pour tous : création d’emplois correspondant à des besoins sociaux, et non en fonction du profit des entreprises. Le fond de chômage pourrait être utilisé dans ce but.
2. Les besoins élémentaires doivent être satisfaits en priorité : alimentation, habillement, logement, droit à la santé et à l’instruction. Leur satisfaction doit être soustraite au marché si nécessaire.
3. Définition de changements radicaux dans les rapports Nord-Sud pour inverser les logiques désastreuses aujourd’hui dominantes.

Après quatre autres, il concluait :

Le syndicalisme en articulation avec tous les autres mouvements sociaux doit contribuer à restaurer le tissu social et être le lieu d’où chacun s’organise dans le travail, pour y exercer sa responsabilité sociale... et demeurer intransigeant sur le respect de ses droits - comme l’ont démontré de manière exemplaire les travailleurs de la Tribune de Genève.

Il faisait référence à la grève engagée dans cette imprimerie contre le licenciement du président de sa commission ouvrière et de la section du Syndicat du livre et du papier.

Après quatre semaines de grève, du 20 février au 21 mars 1990, un débrayage de solidarité 900 typographes et imprimeurs, un blocus de l’entreprise et des manifestations dont la plus importante réuni 5000 personnes, les travailleurs de la Tribune ont obtenu la réintégration du délégué élu des travailleurs jusqu’à droit jugé.

Eric, en tant que président de l’USCG, participa chaque jour aux assemblées grévistes en y exprimant des conseils toujours avisés ; sa conduite résolue du comité de soutien fut déterminante. De nombreux membres de syndicom, se rappellent de lui comme d’un phare ou d’une boussole, indispensable pour vaincre l’adversité.

Il fut un des rares intellectuels à défendre contre vents et marées, sa classe : celle des prolétaires. Dans son action qui compte plusieurs décennies d’activités, jamais il n’a cherché une récompense ni un merci, il a toujours fait ce qu’il fallait. Faisant face à la maladie, il a su avec courage rester digne jusqu’au bout.

Eric était un homme bon, la classe ouvrière était son amie et nous toutes et tous aussi ; il vivra toujours dans nos mémoires.

La cérémonie aura lieu le jeudi 10 août à 14h45 à Saint-Georges.