Critiquer la société capitaliste, c’est bien, réclamer un autre monde possible, c’est légitime, mais tout cela restera incantatoire si nous ne disons pas ce que cet autre monde sera.
Site créé par Christian TIREFORT et Eric DECARRO pour publier leurs analyses, il accueille également celles de la branche suisse du réseau salariat. Le premier en fut le président jusqu’à son décès survenu le 14 décembre 2022.
Il faut commencer à traiter de la société qui remplacera le capitalisme. Le séminaire auquel le texte ci-dessous appelle a ce but. Il concerne tous les anticapitalistes, marxistes de toutes tendances, libertaires, anarchistes, autonomistes... toutes celles et tous ceux que la crise actuelle a mené à la conviction qu’il n’y a plus rien à chercher et plus rien à trouver sous le capitalisme.
Le séminaire se tiendra à l’UOG (Université ouvrière de Genève), place des Grottes, les vendredi et samedi 26 et 27 novembre 2010 (voir l’ordre du jour en fin d’article).
Ces dernières années, mais en particulier depuis
l’affaire dite des « subprime », le capitalisme subit
une crise qui n’est comparable qu’avec celle des
années 20 à 40 du siècle passé. Cela se traduit par
une remise en cause généralisée d’acquis sociaux
pourtant minima sans que les forces populaires
aient pu valablement riposter.
Cette évolution aurait dû susciter le développement
d’un puissant mouvement refusant de se
soumettre et capable de populariser une véritable
alternative au capitalisme. Cela n’a pas été le cas.
Au contraire, les révolutionnaires se sont encore
plus morcelés. Pourtant le mécontentement de
fractions toujours plus large des populations
devient de plus en plus sensible et un rejet du
capitalisme émerge au-delà des groupes
aujourd’hui organisés. Notre première responsabilité
d’anticapitalistes actifs est d’en discuter, de
s’y confronter dans le but consciemment assumé
d’élaborer un projet crédible de sortie du capitalisme.
Pour se sortir de sa crise le capitalisme nous
entraîne à grande vitesse dans une régression
sociale. Le profit, sa seule finalité, devient de plus
en plus destructrice. Toute activité sociale, tout
bien deviennent des marchandises soumises à
cette loi. Au nom du profit, le capitalisme détruit
l’environnement, précipite des masses croissantes
des populations dans le chômage et la précarité.
La misère devient de plus en plus le lot du
plus grand nombre. Celles et ceux qui sont
employés – soi-disant des privilégié-e-s ! – subissent
des rapports de travail mis en oeuvre par une
hiérarchie impersonnelle et toujours plus opprimante.
Partout l’exploitation se fait de plus en
plus féroce.
La logique prédatrice du capital financier étrangle
le secteur productif et l’activité sociale, elle
ignore les besoins sociaux dits « non finançables
», elle recentre toute la production sur les «
besoins » des « gagnants » de la course au profit.
Ce faisant, le gouffre entre les riches, une minorité
de plus en plus réduite, et les pauvres, une
majorité de plus en plus large, se creuse vertigineusement.
La misère touche le plus grand nombre
et devient un standard social.
Le lot des entreprises produisant des biens et services
n’est guère plus enviable. Elles deviennent à
la fois les « esclaves » des financiers et des objets
d’une spéculation qui, bien souvent, sous le prétexte
de les restructurer, les démantèlent sans
aucune autre logique que celle du profit immédiat.
En outre, le capital financier confisque à son
seul profit tous les progrès de la productivité du
travail. Il contraint les entreprises à des taux de
rendement insensés et à court terme, les privant
ainsi de leurs sources d’investissements, réduisant
l’emploi, attaquant les conditions de travail, et les
poussant à produire sans respect de l’environnement
et des critères écologiques.
De plus, les gouvernements, de gauche ou de
droite, perdent toutes leurs marges de manoeuvre,
les marchés financiers les contraints à une
course à la compétitivité sans issue. Dans ce
cadre, les Etats sont contraints à une sous enchère
fiscale et sociale sans limite. Les gouvernements
sont réduits à un rôle de gestionnaire d’un système
tyrannique.
Pour préserver la compétitivité de leur pays, les
gouvernements sont quasiment forcés de mettre
en oeuvre des politiques d’austérité qui amputent
le pouvoir d’achat des populations et qui coupent
dans les prestations sociales et la culture. Le FMI
les remet à l’ordre s’ils n’obtem pèrent pas. Ainsi
le rôle de « redistributeur » des Etats s’amenuise
jusqu’à disparaître complètement, ce qui les
contraint à des mesures de plus en plus répressives
contre les victimes du laminage de leurs
budgets sociaux. Non content de pousser aux
« économies », pour s’ouvrir de nouvelles zones
de profit le capital pousse à la privatisation des
services publics présumés rentables. Cela les soustrait
au contrôle public et abolit ce qui était un
de leur but originel, le droit égalitaire de toutes
et tous à leurs prestations.
Commencer à débattre
de l’après capitalisme ne doit plus
être une utopie, mais un projet
crédible de sortie de la barbarie.
A qui le séminaire est-il
spécialement destiné ?
Notre invitation n’est pas réservée exclusivement
aux personnes organisées dans l’un ou l’autre des
groupes anticapitalistes, elle s’adresse aussi à
toutes celles et ceux qui sentent que le capitalisme
menace l’humanité dans son existence
même et qui le combattent.
Notre but, c’est que tous les anticapitalistes
débattent ensemble. Nous le savons, nous
sommes de plus en plus nombreux et nombreuse,
membres ou non membres d’organisation, à prendre
conscience que la dispersion actuelle des anticapitalistes
doit être surmontée. Notre crédibilité
dépend de notre capacité de confrontation, c’est
elle qui nous fera avancer.
Inscription à « chrismardi@bluewin.ch »
ou par téléphone au 079 334 55 52
Après les diverses expériences du 20e siècle les
révolutionnaires ne recevront plus de carte
blanche. Toutes celles et ceux victimes du système
capitaliste, et c’est l’énorme majorité des populations,
voudront savoir où on les mène ; toutes et
tous ne se satisferont plus de promesses. Ils/elles
ne veulent certes pas un modèle tout « ficelé »,
mais ils/elles voudront savoir dans quel cadre et
quelles conditions on travaillera, comment on
échangera, comment on aura voix au chapitre
pour déterminer ce qui sera produit, comment on
aura accès au fruit du travail commun. Les populations
voudront connaître le projet des révolutionnaires.
Nous devrons être capables de montrer comment
un système basé sur la coopération non seulement
peut être dynamique et permettre à chacune et
chacun d’exprimer sa personnalité, mais comment
il sera plus efficace et libéré des effets destructeurs
de la compétition capitaliste. Nous devrons montrer
comment l’accès de tous et de toutes au bien
commun est non seulement plus juste, mais aussi
plus pertinent et source de plus de liberté que
toutes les confiscations de classe. Nous devrons
montrer que le travail basé sur la coopération
libère les femmes et les hommes et ne
les réduit pas à la fonction capitaliste de
consommateurs-trices client-e-s plus ou
moins argenté-e-s (pour l’immense majorité
plutôt moins, ou pas du tout, argenté.e.s).
Ordre du jour :
vendredi soir 18 heures
Débat : une sortie de crise est-elle possible ? Quel
en serait le prix ? Le scénario le plus probable
n’est-il pas une plongée de plus en plus profonde
dans une crise de système ?
– Introduction, 20 minutes par Eric DECARRO
– Discussion générale, avec modération
par Anne MICHEL et Christian TIREFORT
samedi 9 h 30 à 18 heures
a) Quelle production pour quels besoins ?
Introduction, 20 minutes par Ariane BAILAT
Débat avec modération par Albert NAHORY
b) De la violence croissante des rapports
sociaux à la société de l’égalité
(le système épuise les humains et la nature,
que faire ?)
Introduction, 20 minutes par Paolo GILARDI
Débat avec modération par Chantal GASSER
et Vincent BIRCHER
c) Etat des lieux de la mouvance
anticapitaliste
et premier bilan du séminaire
Introduction par Laurent TETTAMENTI
Modération et conclusion
par Anne MICHEL et Christian TIREFORT
Signatures en l’état : Gauche anticapitaliste,
Mouvement pour le socialisme, Les Communistes,
La Gauche-Genève, solidaritéS,
des militants anticapitalistes